Le livre 010101 (1971-2015)

CyLibris, éditeur électronique

CyLibris, éditeur commercial

Fondé par Olivier Gainon en août 1996, CyLibris (de Cy, cyber et Libris, livre), basé à Paris, est le pionnier francophone de l’édition électronique commerciale. CyLibris est en effet la première maison d’édition à utiliser l’internet et le numérique pour publier de nouveaux auteurs littéraires et quelques auteurs confirmés, dans divers genres: littérature générale, policiers, science-fiction, théâtre et poésie. Vendus uniquement sur le web, les livres sont imprimés à la commande et envoyés directement au client, ce qui permet d’éviter le stock et les intermédiaires. Des extraits sont disponibles en téléchargement libre.

Pendant son premier trimestre d’activité, CyLibris signe des contrats avec treize auteurs. Fin 1999, le site compte 15.000 visites individuelles et 3.500 livres vendus tous exemplaires confondus, avec une année financièrement équilibrée.

Olivier Gainon explique en décembre 2000: «CyLibris a été créé d’abord comme une maison d’édition spécialisée sur un créneau particulier de l’édition et mal couvert à notre sens par les autres éditeurs: la publication de premières œuvres, donc d’auteurs débutants. Nous nous intéressons finalement à la littérature qui ne peut trouver sa place dans le circuit traditionnel: non seulement les premières œuvres, mais les textes atypiques, inclassables ou en décalage avec la mouvance et les modes littéraires dominantes. Ce qui est rassurant, c’est que nous avons déjà eu quelques succès éditoriaux: le grand prix de la SGDL [Société des gens de lettres] en 1999 pour La Toile de Jean-Pierre Balpe, le prix de la litote pour Willer ou la trahison de Jérôme Olinon en 2000, etc. Ce positionnement de "défricheur" est en soi original dans le monde de l’édition, mais c’est surtout son mode de fonctionnement qui fait de CyLibris un éditeur atypique.

Créé dès 1996 autour de l’internet, CyLibris a voulu contourner les contraintes de l’édition traditionnelle grâce à deux innovations: la vente directe par l’intermédiaire d’un site de commerce sur internet, et le couplage de cette vente avec une impression numérique en "flux tendu". Cela permettait de contourner les deux barrières traditionnelles dans l’édition: les coûts d’impression (et de stockage) et les contraintes de distribution. Notre système gérait donc des flux physiques: commande reçue par internet, impression du livre commandé, envoi par la poste. Je précise que nous sous-traitons l’impression à des imprimeurs numériques, ce qui nous permet de vendre des livres de qualité équivalente à celle de l’offset, et à un prix comparable. Notre système n’est ni plus cher, ni de moindre qualité, il obéit à une économie différente qui, à notre sens, devrait se généraliser à terme.»

En quoi consiste l’activité d’un éditeur électronique? «Je décrirais mon activité comme double. D’une part celle d’un éditeur traditionnel dans la sélection des manuscrits et leur re-travail (je m’occupe directement de la collection science-fiction), mais également le choix des maquettes, les relations avec les prestataires, etc. D’autre part, une activité internet très forte qui vise à optimiser le site de CyLibris et mettre en œuvre une stratégie de partenariat permettant à CyLibris d’obtenir la visibilité qui lui fait parfois défaut. Enfin, je représente CyLibris au sein du SNE [Syndicat national de l’édition, dont CyLibris fait partie depuis le printemps 2000, ndlr]. CyLibris est aujourd’hui une petite structure. Elle a trouvé sa place dans l’édition, mais est encore d’une économie fragile sur internet. Notre objectif est de la rendre pérenne et rentable et nous nous y employons.»

En 2001, certains titres sont également vendus en version imprimée par un réseau de librairies partenaires, notamment la Fnac, et en version numérique par Mobipocket et Numilog, pour lecture sur ordinateur ou PDA. En 2003, le catalogue de CyLibris comprend une cinquantaine de titres. Le site web se veut aussi un carrefour de la petite édition et donne des informations pratiques aux auteurs en herbe: comment envoyer un manuscrit à un éditeur, ce que doit comporter un contrat d’édition, comment protéger ses manuscrits, comment tenter sa chance dans des revues ou concours littéraires, etc.

Par ailleurs, l’équipe de CyLibris lance en mai 1999 CyLibris Infos, une lettre d’information électronique gratuite dont l’objectif n’est pas tant de promouvoir les livres de l’éditeur que de présenter l’actualité de l’édition francophone. Volontairement décalée et souvent humoristique sinon décapante, la lettre, d’abord mensuelle, paraît deux fois par mois à compter de février 2000, avec 565 abonnés en octobre 2000. Elle change de nom en février 2001 pour devenir Édition-actu, qui compte 1.500 abonnés en 2003 avant de laisser place au blog de CyLibris. Olivier Gainon met fin à toutes ces activités éditoriales en 2007 pour passer à d’autres projets.

Grâce à CyLibris et quelques autres, l’édition électronique creuse son sillon: pas de stock, coût de fonctionnement moins élevé, diffusion plus facile. Elle amène un souffle nouveau dans le monde de l’édition, et même une certaine zizanie. On voit des éditeurs traditionnels vendre directement leurs titres en ligne, des éditeurs électroniques gérer et commercialiser les versions numériques de livres publiés par des éditeurs traditionnels, des libraires numériques vendre les versions numérisées de livres publiés par des éditeurs partenaires, des auteurs s’auto-éditer sur le web et promouvoir eux-mêmes leurs œuvres et des plateformes d'édition littéraire découvrir de nouveaux talents. Nombre d’auteurs mettent leurs espoirs dans l’internet et le numérique pour rajeunir la structure éditoriale en place, considérée par beaucoup comme passablement sclérosée, et qui plus est inefficace pour promouvoir les livres d’auteurs peu connus.

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