Le livre 010101 (1971-2015)

Le projet Gutenberg

De vingt mille à cinquante mille livres

Twenty Thousand Leagues Under the Sea (Vingt mille lieues sous les mers) de Jules Verne (publié en 1869-70) devient l’eBook #20000 en septembre 2007, dans sa version anglaise. Il s’agit cette fois d’un livre audio, la version texte étant déjà présente dans les collections depuis dix ans. English Book Collectors (Collectionneurs anglais de livres) de William Younger Fletcher (publié en 1902) devient l’eBook #25000 en avril 2008. The Bird Book (Le livre des oiseaux) de Chester Albert Reed (publié en 1915) devient l’eBook #30000 en octobre 2009. Extinct Birds (Les oiseaux disparus) de Walter Rothschild (publié en 1907) devient l’eBook #40000 en juin 2012.

Principale source des livres du Projet Gutenberg, Distributed Proofreaders fête ses dix ans en octobre 2010, avec plus de 18.000 livres numérisés, relus et corrigés par les soins de plusieurs milliers de volontaires. Quant au Projet Gutenberg, il fête ses quarante ans en juillet 2011, avec 36.000 livres numériques et quarante sites miroirs sur la planète.

Chose souvent passée sous silence, Michael Hart est le véritable inventeur de l’ebook. Si on considère l’ebook dans son sens étymologique, à savoir un livre numérisé pour diffusion sous forme de fichier électronique, celui-ci aurait près de quarante-cinq ans et serait né avec le Projet Gutenberg en juillet 1971. Une paternité plus réconfortante que les divers lancements commerciaux dans un format propriétaire ayant émaillé le début des années 2000. Il n’y a aucune raison pour que la dénomination «ebook» ne désigne que l’ebook commercial et soit réservée aux Amazon, 00h00, Gemstar et autres. L’ebook non commercial est un ebook à part entière, et non un parent pauvre, tout comme l’édition électronique non commerciale est une forme d’édition à part entière, et non une parente pauvre de l’édition commerciale. En 2003, les eTexts du Projet Gutenberg deviennent des eBooks, pour coller à la terminologie ambiante, et le Projet Gutenberg se lance aussi dans la diffusion de livres audionumériques.

Mais la numérisation des livres reste prioritaire. Et la demande est énorme. En témoigne le nombre de téléchargements, qui se comptent en dizaines de milliers par jour, avec 37.532 fichiers téléchargés le 31 juillet 2005, 89.841 fichiers téléchargés le 6 mai 2007 et 103.422 fichiers téléchargés le 15 mars 2010, ceci uniquement pour le principal site de téléchargement ibiblio.org, basé à Chapel Hill dans l’Université de Caroline du Nord, qui héberge aussi le site du Projet Gutenberg. Le deuxième site de téléchargement est l’Internet Archive, avec une capacité de stockage illimitée, et fait aussi office de site de sauvegarde.

En juillet 2011, quarante ans après les débuts du Projet Gutenberg et peu avant son décès, Michael Hart se définit toujours comme un fou de travail dédiant toute sa vie à son projet, qu’il voit comme étant à l’origine d’une révolution néo-industrielle. Il se définit aussi comme altruiste, pragmatique et visionnaire. Après avoir été traité de toqué pendant de nombreuses années, il force maintenant le respect. Michael Hart précise souvent dans ses écrits que, si Gutenberg a permis à chacun d'avoir ses propres livres - jusque-là réservés à une élite - pour un coût relativement modique, le Projet Gutenberg permet à chacun d'avoir une bibliothèque complète gratuite - jusque-là réservée à une collectivité - sur un support qu'on peut glisser dans sa poche (ou porter en pendentif autour du cou), par exemple une clé USB. Les collections du Projet Gutenberg ont la taille d'une bibliothèque publique de quartier, mais cette fois disponible sur le web et téléchargeable par tous. En septembre 2015, le Projet Gutenberg propose 50.000 livres numériques au format texte (et autres formats), tous relus et corrigés.

Mais laissons le mot de la fin à Michael Hart - inventeur de l’ebook - qui, lors d’un entretien par courriel en août 1998, relatait ses meilleurs moments: «Le courrier que je reçois me montre combien les gens apprécient que j’aie passé ma vie à mettre des livres sur l’internet. Certaines lettres sont vraiment émouvantes, et elles me rendent heureux pour toute la journée.»

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