Le livre 010101 (1971-2015)

Les premières bibliothèques numériques

Résumé

«Qu’il me suffise, pour le moment, de redire la sentence classique: "La bibliothèque est une sphère dont le centre véritable est un hexagone quelconque, et dont la circonférence est inaccessible".» Cette citation de Jorge Luis Borges – issue de La bibliothèque de Babel (1941) - pourrait tout aussi bien définir la bibliothèque numérique. La numérisation du patrimoine mondial est en cours, pour le texte et l’image (le son viendra plus tard). La première bibliothèque numérique francophone est l’ABU (créée en 1993), suivie d’Athena (créée en 1994) et de la Bibliothèque électronique de Lisieux (créée en 1996). Puis la Bibliothèque nationale de France lance Gallica en 1997 (un chapitre entier lui est consacré plus loin) et la bibliothèque municipale de Lyon débute la numérisation de ses enluminures en 1998. Mais qu’est-ce exactement qu’une bibliothèque numérique? Et quels sont les avantages respectifs des deux modes de numérisation (mode texte et mode image)?

Objectif poursuivi par des générations de bibliothécaires, la diffusion d’œuvres du domaine public devient possible à vaste échelle dans les années 1990, puisque les livres peuvent désormais être convertis en fichiers électroniques et transiter via l’internet. Les premières bibliothèques numériques francophones débutent avec la saisie patiente de livres imprimés ligne après ligne sur le clavier d’un ordinateur.

Si certaines bibliothèques numériques naissent directement sur le web, par exemple ABU (Association des bibliophiles universels) en 1992 et Athena en 1994, la plupart émanent de bibliothèques traditionnelles, par exemple la Bibliothèque électronique de Lisieux, lancée en 1996 avec des versions numériques d'œuvres littéraires courtes choisies dans les collections municipales.

Fondateur d’Athena, Pierre Perroud insiste en février 1997 dans un article de la revue Informatique-Informations sur la complémentarité du texte électronique et du livre imprimé. Selon lui, «les textes électroniques représentent un encouragement à la lecture et une participation conviviale à la diffusion de la culture», notamment pour l’étude de ces textes et la recherche textuelle. Ces textes électroniques «sont un bon complément du livre imprimé - celui-ci restant irremplaçable lorsqu’il s’agit de lire».

Mais le livre imprimé reste «un compagnon mystérieusement sacré vers lequel convergent de profonds symboles: on le serre dans la main, on le porte contre soi, on le regarde avec admiration; sa petitesse nous rassure autant que son contenu nous impressionne; sa fragilité renferme une densité qui nous fascine; comme l’homme il craint l’eau et le feu, mais il a le pouvoir de mettre la pensée de celui-là à l’abri du Temps.»

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