Le livre 010101 (1971-2015)

Conclusion

De beaux jours pour le livre numérique commercial

Bien après le livre numérique non commercial apparu dès 1971, le livre numérique devient un objet commercial en 1998, d’abord de manière confidentielle – le temps de créer à la fois le marché et les habitudes - avant de débuter son ascension cinq ans plus tard.

En 2003, des centaines de nouveautés – y compris les best-sellers de Stephen King - sont vendues en version numérique dans les eBookStores d’Amazon, Barnes & Noble.com et Yahoo! ou alors sur des sites d’éditeurs tels que Random House ou PerfectBound. À la même date, Palm Digital Media distribue 10.000 titres numériques lisibles sur PDA, avec quinze à vingt nouveaux titres par jour et mille nouveaux clients par semaine, Numilog distribue 3.500 titres numériques (livres et revues) en français et en anglais et Mobipocket distribue 6.000 titres numériques dans plusieurs langues, soit sur son site soit dans des librairies partenaires. Les formats les plus utilisés sont le format PDF (lisible sur l’Acrobat Reader puis sur l’Adobe Reader), le format LIT (lisible sur le Microsoft Reader), le format PRC (lisible sur le Mobipocket Reader) et le format OeB (Open eBook, remplacé plus tard par l’EPUB).

Marc Autret, journaliste puis infographiste, raconte en décembre 2006: «Sans vouloir faire dans la divination, je suis convaincu que l’e-book (ou "ebook": impossible de trancher!) a un grand avenir dans tous les secteurs de la non-fiction. Je parle ici de livre numérique en termes de "logiciel", pas en terme de support physique dédié (les conjectures étant plus incertaines sur ce dernier point). Les éditeurs de guides, d’encyclopédies et d’ouvrages informatifs en général considèrent encore l’e-book comme une déclinaison très secondaire du livre imprimé, sans doute parce que le modèle commercial et la sécurité de cette exploitation ne leur semblent pas tout à fait stabilisés aujourd’hui. Mais c’est une question de temps. Les e-books non commerciaux émergent déjà un peu partout et opèrent d’une certaine façon un défrichage des possibles. Il y a au moins deux axes qui émergent: (a) une interface de lecture / consultation de plus en plus attractive et fonctionnelle (navigation, recherche, restructuration à la volée, annotations de l’utilisateur, quizz interactif, etc.); (b) une intégration multimédia (vidéo, son, infographie animée, base de données, etc.) désormais fortement couplée au web. Aucun livre physique n’offre de telles fonctionnalités. J’imagine donc l’e-book de demain comme une sorte de wiki cristallisé, empaqueté dans un format. Quelle sera alors sa valeur propre? Celle d’un livre: l’unité et la qualité du travail éditorial!»

Selon Denis Zwirn, président de la librairie numérique Numilog, interviewé en août 2007, «le livre numérique n'est plus une question de colloque, de définition conceptuelle ou de divination par certains "experts": c'est un produit commercial et un outil au service de la lecture. Il n'est pas besoin d'attendre je ne sais quel nouveau mode de lecture hypermoderne et hypertextuel enrichi de multimédia orchestrant savamment sa spécificité par rapport au papier, il suffit de proposer des textes lisibles facilement sur les supports de lecture électronique variés qu'utilisent les gens, l'encre électronique pouvant progressivement envahir tous ces supports. Et de les proposer de manière industrielle. Ce n'est pas et ne sera jamais un produit de niche (les dictionnaires, les guides de voyage, les livres pour les non voyants...): c'est en train de devenir un produit de masse, riche de formes multiples comme l'est le livre traditionnel.»

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