Les bibliothèques sont présentes sur le web depuis plus de vingt ans. La première bibliothèque à avoir un site web est la Bibliothèque municipale d’Helsinki (Finlande), qui lance son site en février 1994. En novembre 1998, le document Internet and the Library Sphere (Internet et la sphère des bibliothèques) présent sur le site de la Commission européenne évalue à mille environ le nombre de bibliothèques publiques disposant d’un site web, et ce dans vingt-six pays. Les sites sont hétérogènes sinon hétéroclites. Certaines bibliothèques se contentent de mentionner leur adresse postale et leurs heures d’ouverture, tandis que d’autres proposent toute une gamme de services, y compris un accès direct à leur catalogue en ligne. Les pays les plus représentés sont la Finlande (247 bibliothèques), la Suède (132 bibliothèques), le Royaume-Uni (112 bibliothèques), le Danemark (107 bibliothèques), l'Allemagne (102 bibliothèques), les Pays-Bas (72 bibliothèques), la Lituanie (51 bibliothèques), l'Espagne (56 bibliothèques) et la Norvège (45 bibliothèques). La Russie propose un site commun pour 26 bibliothèques publiques de recherche. Les pays nouvellement représentés fin 1998 sont la République tchèque (29 bibliothèques) et le Portugal (3 bibliothèques).
Les jours des bibliothèques sont-ils comptés face à un web encyclopédique et des bibliothèques numériques de plus en plus nombreuses? En 1998, plusieurs grandes bibliothèques – dont la British Library - expliquent sur leurs sites que, à côté d’un secteur numérique en pleine expansion, la communication physique des documents reste essentielle. Ces commentaires disparaissent du web l’année suivante. La bibliothèque numérique rend compatibles deux objectifs qui ne l’étaient guère, à savoir la conservation des documents et leur communication. Le document est numérisé une bonne fois pour toutes, et le grand public y a facilement accès. Au début des années 2000, la plupart des bibliothèques proposent des collections numériques, soit sur leur intranet, soit en accès libre sur leur site web.
Les problèmes de bande passante s’estompent aussi. Après avoir proposé avec enthousiasme des images en pleine page très agréables à l’œil mais excessivement longues à apparaître à l’écran, nombreux sont les sites qui optent ensuite pour des images de format réduit, avec possibilité de cliquer ou non sur ces images pour obtenir un format plus grand. Cette présentation est souvent restée la norme – par exemple dans la base Enluminures coproduite par le Service français du livre et de la lecture et l’Institut de recherche et d’histoire des textes (IRHT) - même avec la généralisation de l’internet à haut débit.
Quant aux bibliothèques nationales, elles ne conservent plus seulement manuscrits, incunables, livres imprimés, journaux, périodiques, gravures, affiches, partitions musicales, images, photos, films, etc., mais elles archivent aussi les documents électroniques et les pages web. À la Bibliothèque nationale de France (BnF) par exemple, il a été décidé de collecter et d’archiver les sites dont le nom de domaine se termine en .fr, ou encore les sites dédiés aux campagnes électorales pour les élections présidentielles de 2002, les élections législatives de 2004, les élections présidentielles et législatives de 2007 (sites institutionnels, sites et blogs officiels des candidats, sites d’analyses, sites des grands médias, sites d’associations et de syndicats), etc.