Le livre 010101 (1971-2015)

WorldCat, et autres catalogues collectifs pour bibliothèques

Les premiers catalogues collectifs

Par le passé, on a pu reprocher aux catalogues de bibliothèques d’être austères et peu conviviaux, et de donner les références du document mais en aucun cas l’accès à son contenu. Depuis qu’ils sont disponibles sur l’internet, les catalogues sont moins austères et plus conviviaux. Et surtout - rêve de tous qui commence à devenir réalité - ils permettent l’accès aux documents eux-mêmes: textes et images dans un premier temps, extraits sonores et vidéos dans un deuxième temps.

Qu’est-ce exactement qu’un catalogue collectif? Le but premier d’un catalogue collectif est d’éviter de cataloguer à nouveau un document déjà traité par une bibliothèque partenaire. Si le catalogueur trouve la notice du livre qu’il est censé cataloguer, il la copie pour l’inclure dans le catalogue de sa propre bibliothèque. S’il ne trouve pas la notice, il la crée, et cette notice est aussitôt disponible pour les catalogueurs officiant dans d'autres bibliothèques. De nombreux catalogues collectifs existent à l’échelon local, régional, national ou mondial.

L’efficacité des catalogues en réseau tient à l’harmonisation du format MARC (Machine Readable Cataloguing) puisqu’il en existe plusieurs versions. Créé en 1977 par l’IFLA (International Federation of Library Associations), le format UNIMARC est un format universel permettant le stockage et l’échange de notices bibliographiques au moyen d’une codification des différentes parties de la notice (auteur, titre, éditeur, etc.) pour traitement informatique. Ce format favorise les échanges de données entre la vingtaine de formats MARC existants, qui correspondent chacun à une pratique nationale de catalogage (INTERMARC en France, UKMARC au Royaume-Uni, USMARC aux États-Unis, CAN/MARC au Canada, etc.). Les notices dans le format MARC d’origine sont d’abord converties au format UNIMARC avant d’être converties à nouveau dans le format MARC de destination. UNIMARC peut également être utilisé comme standard pour le développement de nouveaux formats MARC.

Dans le monde anglophone, la British Library (qui utilise UKMARC), la Library of Congress (qui utilise USMARC) et la Bibliothèque nationale du Canada (qui utilise CAN/MARC) décident d’harmoniser leurs formats MARC nationaux. Un programme de trois ans, mené de décembre 1995 à décembre 1998, permet de mettre au point un format MARC commun aux trois bibliothèques, dénommé MARC 21. Parallèlement, la Commission européenne promeut en 1996 l’utilisation du format UNIMARC comme format commun d’échange entre tous les formats MARC utilisés dans les pays de l'Union européenne. Le Programme des bibliothèques de la Commission européenne étudie aussi les problèmes posés par les différentes polices de caractères, la manière d’harmoniser les formats bibliographiques et la manière d’harmoniser les formats des documents disponibles en ligne.

À la fin des années 1990, de plus en plus de catalogues sont disponibles sur le web, moyennant une interface spécifique. L’usager a souvent le choix entre deux types de recherche, simple et avancée. Il peut sélectionner plusieurs critères complémentaires tels que le nombre de notices souhaitées ou bien le mode de classement des notices abrégées ou complètes. Les notices sélectionnées peuvent être copiées, imprimées, sauvegardées ou bien envoyées par courriel. Des liens hypertextes permettent de passer facilement d’une requête à l’autre.

Ces catalogues utilisent le protocole Z39.50, un standard de communication permettant de chercher et récupérer des informations bibliographiques dans des bases de données en ligne. Ce protocole est d'abord utilisé par le WAIS (Wide Area Information Service), un système de recherche créé au début des années 1990 pour consulter les index de bases de données sur des serveurs consultables à distance, avant l’existence du web et de ses moteurs de recherche (Mosaic, Netscape Navigator, Internet Explorer). Suite à une nouvelle version publiée en 1998 sous le nom de norme ISO 23950:1998, le protocole Z39.50 est utilisé par les catalogues de bibliothèques en ligne, dénommés OPAC (Online Public Access Catalogues – catalogues en ligne d’accès public), par exemple celui de la Library of Congress.

Le protocole Z39.50 est également promu par la Commission européenne pour favoriser son utilisation dans les bibliothèques de l’Union européenne. La British Library lance en mai 1997 son catalogue expérimental OPAC 97, un catalogue en ligne permettant l’accès libre et gratuit aux catalogues de ses principales collections à Londres et à Boston Spa, soit 150 millions de documents. L’OPAC 97 est ensuite remplacé par le BLPC (British Library Public Catalogue) en tant que version «définitive» du catalogue en ligne.

Le Catalogue collectif de France (CCFr) est mis en chantier en juillet 1997 pour permettre de «trouver des informations détaillées sur les bibliothèques françaises, leurs collections et leurs fonds (anciens, locaux ou spécifiques), connaître précisément les services qu’elles rendent et interroger leur catalogue en ligne». À terme, annonce-t-on en 1998, il permettra aussi de «localiser des ouvrages (documents imprimés, audio, vidéo, multimédia) dans les principales bibliothèques et demander le prêt ou la reproduction» de documents qui seront remis à l’usager dans la bibliothèque de son choix. C’est chose faite en novembre 2002. En juillet 2001, la gestion du Catalogue collectif de France est confiée à la Bibliothèque nationale de France (BnF). Le CCFr regroupe les catalogues de la BnF et des bibliothèques universitaires, ainsi que les catalogues des fonds anciens (avant 1811) et locaux des bibliothèques municipales et spécialisées. Il permet de localiser 15 millions de documents (appartenant à 160 bibliothèques) en décembre 2006 et 30 millions de documents en mai 2015.

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