Le livre 010101 (1971-2015)

Le format PDF, lancé par Adobe

Résumé

La société Adobe lance en juin 1993 le format PDF (Portable Document Format), dont le but est de figer un document numérique dans une présentation donnée afin de conserver la présentation originale du document source quelle que soit la plateforme utilisée pour créer le PDF puis pour le lire. Au fil des ans, le format PDF devient un standard de diffusion des documents numériques, puis un standard pour le livre numérique (avec l’Open eBook). En mai 2003, l’Acrobat Reader change de nom pour devenir l’Adobe Reader, utilisé sur les PDA, smartphones, tablettes et liseuses du marché pour la lecture de livres au format PDF. De format propriétaire, le format PDF devient un standard ouvert en juillet 2008, tout comme une norme ISO (ISO 32000-1:2008).

De la côte californienne, la société Adobe lance en juin 1993 le format PDF (Portable Document Format) ainsi que l’Acrobat Reader (gratuit, pour lire les PDF) et l’Adobe Acrobat (payant, pour créer des PDF). Le PDF s’impose vite comme un format essentiel pour faire transiter les documents sur la toile sans perdre leur mise en page, et l’Acrobat Reader est progressivement disponible dans plusieurs langues et pour diverses plateformes (Windows, Mac, Linux).

Le début des années 2000 est marqué par un intérêt croissant pour le livre numérique, qui transite lui aussi sur la toile au format PDF, entre autres. Adobe achète en août 2000 la société Glassbook, spécialisée dans les logiciels de distribution de livres numériques à l'intention des éditeurs, des libraires, des diffuseurs et des bibliothèques. À la même date, Adobe passe un partenariat avec les librairies en ligne Amazon.com et Barnes & Noble.com pour que celles-ci proposent des titres lisibles sur l’Acrobat Reader et le Glassbook Reader dans leur eBookStore, lancé en août 2000 par Barnes & Noble.com et en novembre 2000 par Amazon.com.

En janvier 2001, Adobe lance deux nouveaux logiciels. Le premier logiciel, gratuit, est l’Acrobat eBook Reader, qui permet de lire les fichiers PDF de livres numériques sous droits, avec gestion des droits par l’Adobe Content Server. L’Acrobat eBook Reader permet d’ajouter des notes et des signets, de choisir l’orientation de lecture des livres (paysage ou portrait) ou encore de visualiser leur couverture dans une bibliothèque personnelle. Il utilise la technique d’affichage CoolType et comporte un dictionnaire intégré. Le deuxième logiciel, payant, est l’Adobe Content Server, destiné aux éditeurs et distributeurs. Il s’agit d’un logiciel serveur de contenu assurant le conditionnement, la protection, la distribution et la vente sécurisée de livres numériques au format PDF. Ce système de gestion des droits numériques (ou système DRM - Digital Rights Management) permet de contrôler l’accès aux livres numériques sous droits, et donc de gérer les droits d’un livre selon les consignes données par le gestionnaire des droits, qui est souvent l’éditeur, par exemple en autorisant ou non l’impression ou le prêt.

En avril 2001, suite au premier partenariat passé en août 2000, Adobe passe un deuxième partenariat avec Amazon, qui met en vente 2.000 livres numériques sous droits avec DRM lisibles sur l’Acrobat eBook Reader: titres de grands éditeurs, guides de voyages, livres pour enfants, etc. Puis l'Acrobat Reader ajoute à ses cordes une version PDA, disponible pour le Palm Pilot en mai 2001 et pour le Pocket PC en décembre 2001, les adeptes de la lecture sur PDA étant de plus en plus nombreux.

En dix ans, entre 1993 et 2003, l’Acrobat Reader aurait été téléchargé 500 millions de fois. En 2003, il est disponible dans de nombreuses langues et pour toute plateforme (Windows, Mac, Linux, Palm OS, Pocket PC, Symbian OS, etc.). 10% des documents présents sur l'internet seraient au format PDF, pour lecture et/ou téléchargement lorsqu’ils ne transitent pas par courriel. Le format PDF devient aussi le format de livre numérique le plus répandu. En mai 2003, l’Acrobat Reader (version 5) fusionne avec l’Acrobat eBook Reader (version 2) pour devenir l’Adobe Reader (version 6), qui permet de lire aussi bien les fichiers PDF standard que les fichiers PDF sécurisés des livres numériques sous droits. Fin 2003, Adobe ouvre sa librairie en ligne, le Digital Media Store, avec les titres au format PDF de grands éditeurs tels que HarperCollins, Random House et Simon & Schuster, ainsi que les versions électroniques de journaux et magazines comme le New York Times ou Popular Science.

Adobe lance ensuite Adobe eBooks Central, un service permettant de lire, publier, vendre et prêter des livres numériques, et l’Adobe eBook Library, un prototype de bibliothèque de livres numériques. Le site Planet PDF permet de suivre l’actualité du sujet. Adobe lance aussi Adobe Digital Editions, un logiciel qui adapte le texte du livre à la taille de l’écran, utilisé notamment par le Sony Reader, une liseuse lancée en octobre 2006.

Puis les nouvelles versions d’Adobe Acrobat permettent de créer des PDF compatibles avec le format OeB (Open eBook), devenu lui aussi un standard du livre numérique, et remplacé en septembre 2007 par le format EPUB. Après avoir été un format propriétaire, le format PDF devient un standard ouvert en juillet 2008, publié en tant que norme ISO (Organisation internationale de normalisation) sous l’appellation ISO 32000-1:2008.

Marc Autret, infographiste, lance en mai 2009 son site Indiscripts, à savoir un laboratoire de scripts InDesign. Comme expliqué sur le site, «on y explore l'automatisation de mise en page, les techniques de scripting et le développement de plugins dans le contexte d'Adobe InDesign. Plus largement, notre ambition est d'illustrer les possibilités offertes par le langage JavaScript au sein des applications Adobe et d'informer utilement les créateurs de scripts.»

Quel est son sentiment sur la «concurrence» entre les formats PDF et EPUB? Il explique en juin 2011: «Je déplore que l'émergence de l'EPUB ait provoqué l'anéantissement pur et simple du PDF comme format de livre numérique. Le fait que les éléments d'interactivité disponibles au sein du PDF ne soient pas supportés par les plateformes nomades actuelles a aboli toute possibilité d'expérimentation dans cette voie, qui m'apparaissait extrêmement prometteuse. Alors que l'édition imprimée fait la place à des objets de nature très différente, entre le livre d'art de très haute facture et le livre "tout terrain", le marché de l'ebook s'est développé d'emblée sur un mode totalitaire et ségrégationniste, comparable en cela à une guerre de systèmes d'exploitation plutôt qu'à une émulation technique et culturelle. De fait, il existe fort peu de livres numériques PDF tirant parti des possibilités de ce format. Dans l'inconscient collectif, le PDF reste une sorte de duplicata statique de l'ouvrage imprimé et personne ne veut lui voir d'autre destin. L'EPUB, qui n'est rien d'autre qu'une combinaison XHTML/CSS (certes avec des perspectives JavaScript), consiste à mettre le livre numérique "au pas" du web. C'est une technologie très favorable aux contenus structurés, mais très défavorable à l'artisanat typographique. Elle introduit une vision étroite de l'œuvre numérique, réduite à un flux d'information. On ne le mesure pas encore, mais la pire catastrophe culturelle de ces dernières décennies est l'avènement du XML, ce langage qui précalibre et contamine notre façon de penser les hiérarchies. Le XML et ses avatars achèvent de nous enfermer dans les invariants culturels occidentaux.»

Nicolas Pewny, consultant web et éditions électroniques, précise pour sa part en octobre 2015: «Les PDF peuvent contenir des liens et des boutons, des champs de formulaire, des contenus audio et vidéo. Ils prennent également en charge les signatures électroniques. Le principal avantage de ce format est d’être parfaitement fidèle à la mise en page d’origine. Par contre, il est assez lourd et manque de souplesse ; il ne s’adapte que très peu à l’écran utilisé.»

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