Le livre 010101 (1971-2015)

Les auteurs tissent leur toile

De l’utilité des éditeurs

Les éditeurs sont-ils encore utiles à l’heure de l’internet? Jean-Paul, auteur hypermédia, relate en août 1999: «L’internet va me permettre de me passer des intermédiaires: compagnies de disques, éditeurs, distributeurs... Il va surtout me permettre de formaliser ce que j’ai dans la tête (et ailleurs) et dont l’imprimé (la micro-édition, en fait) ne me permettait de donner qu’une approximation. Puis les intermédiaires prendront tout le pouvoir. Il faudra alors chercher ailleurs, là où l’herbe est plus verte...»

Jean-Pierre Cloutier, auteur des Chroniques de Cybérie, chronique hebdomadaire des actualités de l’internet, écrit en août 2000 : «J’ai une théorie des forces qui animent et modifient la société, et qui se résume à classer les phénomènes en tendances fortes, courants porteurs et signaux faibles. Le livre électronique [dénommé livre numérique dans ce livre, ndlr] ne répond pas encore aux critères de tendance forte. On perçoit des signaux faibles qui pourraient annoncer un courant porteur, mais on n’y est pas encore. Cependant, si et quand on y sera, ce sera un atout important pour les personnes qui souhaiteront s’auto-éditer, et le phénomène pourrait bouleverser le monde de l’édition traditionnelle.»

Mais comment trier le bon grain de l’ivraie? Philippe Renaut, gérant des éditions du Presse-Temps, croit à la nécessité d’un tamis éditorial. Il explique en février 2003: «C’est plutôt par la conjonction de ces deux éléments essentiels - vecteur de communication d’un contenu travaillé éditorialement – que l’on peut définir le livre par opposition à la mise en ligne ou mise à disposition massive de textes sans un regard ou une labellisation professionnels. En effet sans pouvoir assurer que magiquement l’œil d’un éditeur permet de déceler le mauvais du bon, il reste néanmoins l’instrument par lequel un lecteur peut tenter de trier dans la production désormais pléthorique de livres. Parfois des ouvrages de qualité se retrouveront malheureusement auto-édités pour n’avoir su être décelés, et d’autres médiocres se retrouveront édités envers et contre tout, mais cela ne change rien au processus de base qui veut que le tamis éditorial joue son rôle et aide le public dans ses choix (il suffit de considérer le niveau moyen des manuscrits reçus par une maison d’édition pour s’en convaincre!). De la même manière, un surfeur sur le web va utiliser ses annuaires préférés pour identifier les sites qui lui sembleront les plus adaptés, seuls outils permettant encore un tri dans la masse désordonnée et titanesque d’informations qui lui est accessible.»

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