Le livre 010101 (1971-2015)

Du bibliothécaire au cyberthécaire

Interview de Peter Raggett

Peter Raggett est sous-directeur (puis directeur) de la Bibliothèque centrale de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques), renommée plus tard Centre de documentation et d’information (CDI). Située à Paris, l’OCDE est une organisation internationale regroupant trente pays membres. Au noyau d’origine, constitué des pays d’Europe de l’Ouest et d’Amérique du Nord, viennent s’ajouter le Japon, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, la Finlande, le Mexique, la République tchèque, la Hongrie, la Pologne et la Corée. Réservée aux fonctionnaires de l’organisation, la bibliothèque comprend 60.000 monographies et 2.500 périodiques imprimés en 1998, et elle propose aussi une collection de microfilms et de CD-ROM et la consultation de bases de données telles que Dialog, Lexis-Nexis et UnCover. La bibliothèque lance en 1996 ses pages intranet, qui deviennent rapidement une source d’information majeure pour les chercheurs.

Peter Raggett explique en août 1999: «Je dois filtrer l’information pour les usagers de la bibliothèque, ce qui signifie que je dois bien connaître les sites et les liens qu’ils proposent. J’ai sélectionné plusieurs centaines de sites pour en favoriser l’accès à partir de l’intranet de l’OCDE. Cette sélection fait partie du bureau de référence virtuel proposé par la bibliothèque à l’ensemble du personnel. Outre de nombreux liens, ce bureau de référence contient des pages recensant les articles, monographies et sites web correspondant aux différents projets de recherche en cours à l’OCDE, l’accès en réseau aux CD-ROM et une liste mensuelle des nouveaux livres achetés par la bibliothèque.»

En ce qui concerne la recherche d’informations, «l’internet offre aux chercheurs un stock d’informations considérable. Le problème pour eux est de trouver ce qu’ils cherchent. Jamais auparavant on n’avait senti une telle surcharge d’informations, comme on la sent maintenant quand on tente de trouver un renseignement sur un sujet précis en utilisant les moteurs de recherche disponibles sur l’internet. Lorsqu’on utilise un moteur de recherche comme Lycos ou AltaVista ou un répertoire comme Yahoo!, on voit vite la difficulté de trouver des sites utiles sur un sujet donné. La recherche fonctionne bien sur un sujet très précis, par exemple si on veut des informations sur une personne au nom inhabituel, mais elle donne un trop grand nombre de résultats si on veut des informations sur un sujet assez vaste. Par exemple, si on lance une recherche sur le web pour “Russie ET transport”, dans le but de trouver des statistiques sur l’utilisation des trains, des avions et des bus en Russie, les premiers résultats qu’on trouve sont les compagnies de transport de fret qui ont des relations d’affaires avec la Russie.»

Comment Peter Raggett voit-il l’avenir de la profession? «À mon avis, les bibliothécaires auront un rôle important à jouer pour améliorer la recherche et l’organisation de l’information sur le réseau. Je prévois aussi une forte expansion de l’internet pour l’enseignement et la recherche. Les bibliothèques seront amenées à créer des bibliothèques numériques permettant à un étudiant de suivre un cours proposé par une institution à l’autre bout du monde. La tâche du bibliothécaire sera de filtrer les informations pour le public. Personnellement, je me vois de plus en plus devenir un bibliothécaire virtuel. Je n’aurai pas l’occasion de rencontrer les usagers, ils me contacteront plutôt par courriel, par téléphone ou par fax, j’effectuerai la recherche et je leur enverrai les résultats par voie électronique.»

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