Le livre 010101 (1971-2015)

Les auteurs tissent leur toile

Des plateformes d’édition

Des auteurs déçus par le système éditorial en place créent des plateformes d’édition littéraire non commerciale pour faire connaître leurs œuvres et celles d’autres auteurs, par exemple Diamedit et La Grenouille bleue (renommé plus tard Gloupsy.com).

En 1998, Jacky Minier lance Diamedit, site français de promotion d’inédits artistiques et littéraires. Il relate en octobre 2000: «J’ai imaginé ce site d’édition virtuelle il y a maintenant plusieurs années, à l’aube de l’ère internautique francophone. À l’époque, il n’y avait aucun site de ce genre sur la toile à l’exception du site québécois Éditel de Pierre François Gagnon [fondé en avril 1995, ndlr]. J’avais alors écrit un roman et quelques nouvelles que j’aurais aimé publier mais, le système français d’édition classique papier étant ce qu’il est, frileux et à la remorque de l’Audimat, il est devenu de plus en plus difficile de faire connaître son travail lorsqu’on n’est pas déjà connu médiatiquement. J’ai donc imaginé d’utiliser le web pour faire la promotion d’auteurs inconnus qui, comme moi, avaient envie d’être lus. Diamedit est fait pour les inédits. Rien que des inédits. Pour encourager avant tout la création. Je suis, comme beaucoup de pionniers du net sans doute, autodidacte et multiforme. À la fois informaticien, écrivain, auteur de contenus, webmestre, graphiste au besoin, lecteur, correcteur pour les tapuscrits des autres, et commercial, tout à la fois. Mon activité est donc un mélange de ces diverses facettes.»

Comment Jacky Minier voit-il l’avenir? «Souriant. Je le vois très souriant. Je crois que le plus dur est fait et que le savoir-faire cumulé depuis les années de débroussaillage verra bientôt la valorisation de ces efforts. Le nombre des branchés francophones augmente très vite maintenant et, même si, en France, on a encore beaucoup de retard sur les Amériques, on a aussi quelques atouts spécifiques. En matière de créativité notamment. C’est pile poil le créneau de Diamedit. De plus, je me sens moins seul maintenant qu’en 1998. Des confrères sérieux ont fait leur apparition dans le domaine de la publication d’inédits. Tant mieux! Plus on sera et plus l’expression artistique et créatrice prendra son envol. En la matière, la concurrence n’est à craindre que si on ne maintient pas le niveau d’excellence. Il ne faut pas publier n’importe quoi si on veut que les visiteurs comme les auteurs s’y retrouvent.»

Une des consoeurs de Jacky Minier est Marie-Aude Bourson, lyonnaise férue de littérature et d’écriture qui, en septembre 1999, débute le site littéraire La Grenouille bleue. Elle raconte en décembre 2000: «L’objectif est de faire connaître de jeunes auteurs francophones, pour la plupart amateurs. Chaque semaine, une nouvelle complète est envoyée par e-mail aux abonnés de la lettre. Les lecteurs ont ensuite la possibilité de donner leurs impressions sur un forum dédié. Également, des jeux d’écriture ainsi qu’un atelier permettent aux auteurs de "s’entraîner" ou découvrir l’écriture. Un annuaire recense les sites littéraires. Un agenda permet de connaître les différentes manifestations littéraires.» Elle doit malheureusement fermer le site pour un problème de marque. Elle ouvre en janvier 2001 un deuxième site, Gloupsy.com, géré selon le même principe, «mais avec plus de "services" pour les jeunes auteurs, le but étant de mettre en place une véritable plateforme pour "lancer" les auteurs» et fonder peut-être ensuite «une véritable maison d’édition avec impression papier des auteurs découverts». Gloupsy.com cesse ses activités en mars 2003, date de la fin du contrat d’hébergement du site.

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